Denis - Corpet

Frugalité - décroissance - simplicité = "moins c'est bien"

Frugalité - Décroissance - Simplicité volontaire : ces sujets qui nous tiennent à coeur, car notre terre ne peut supporter que tous vivent "comme nous". De plus, mes collègues et voisins se rendent malheureux en cherchant à gagner plus pour consommer plus. Voici quelques éléments personnels de "frugalité", ingrédients d'une vie heureuse:
- Les moyens que nous utilisons pour ne dépenser qu'un tiers de nos revenus* : Ne pas se chauffer (nous avons même supprimé la chaudière), trajets domicile-travail à vélo (14 à 30 km/jour), ne pas acheter d'habits neufs (Emmaus, troc, cadeaux), n'acheter que des aliments bas-de-gamme (N°1, Leedle, Lider price), acheter de la viande très rarement, ne presque pas voyager (pas de vacances loin, max de WE à Toulouse), faire nous-même le ménage, avoir peu de machines (ni MàL vaiselle, ni télé), limiter l'entrée de la pub (ni télé, ni radio commerciale, ni magazines), diminuer la surface de l'appartement au départ des grands enfants (ça j'ai trouvé très dur de perdre nos fenêtres ouvrant vers le Sud). Diminution des revenus aussi, en travaillant à temps partiel (Denis 80%, Flo 70%), puis Flo a pris sa retraite vers 43 ans.
Notre vie est encore très "luxeuse" comparée à celle d'un paysan indien ou chinois, mais assez sobre comparés à nos collègues, voisins, et amis. Nos enfants n'ont pas trop souffert, nous ont-ils dit, de cette "sobriété", SAUF au moins deux d'entre eux pour les fringues en primaire et au collège = dur le regard des copains !
Du coup nous gagnons trois fois trop. Mais que faire des tiers de nos revenus ? Réponse dans Et moi je fais quoi ?

Downshifting: Trois toulousains ont trouvé leur vocation en cherchant des topos d'escalade sur ce site "Corpet"! Venus tous les trois chez moi ils ont fait une Incroyable Interview tout-azimuth (une dizaine de vidéos Youtube de 3 min, chacune répond à une question par ex: Si le gaz était gratuit, te chaufferais-tu?).
- Wikipedia : Un bon article sur la Simplicité volontaire
- ConsoGlobe: Une page sur la La simplicité volontaire en pratique: comment s'y mettre, concètement ?
- Courrier International: bonne intro. ds le N°896 (2-8/01/2008) recopié ci-dessous.

La simplicité volontaire, mode d'emploi

Consommer moins pour travailler moins et vivre mieux.
Le Suédois Jörgen Larsson s'est inspiré pour cela du mouvement né aux Etats-Unis.

Notre rythme de vie s'emballe. Il faut travailler plus pour pouvoir consommer toujours plus. Mais certains sont las du stress quotidien et de cette fièvre acheteuse. Ils ont décidé d'agir. Aux Etats-Unis, on les appelle les "adeptes de la décroissance" [downshifters]. Des individus qui ont choisi de marquer une pause dans la course folle qu'était devenue leur vie et qui sont prêts à échanger l'argent contre le temps.

En Suède, Jörgen Larsson, chercheur et père de deux enfants, fait partie des gens qui ont embrassé cette conception de la vie. C'est à la fin des années 1990 qu'il entend parler du concept de "downshifting", également appelé "simplicité volontaire". A première vue, sa vie est sans nuages. Il est marié, possède une belle ­maison et travaille dans une société de conseil qui développe et applique des stratégies environnementales pour les entreprises. "C'était un métier utile et motivant. Mais j'en avais assez, la cadence de travail était trop soutenue, les journées trop longues. Ce n'était pas ainsi que je voulais vivre ma vie. L'idée de troquer de l'argent contre du temps m'a séduit."

Il ne s'agit pas de dire adieu au monde du travail, mais plutôt de commencer par faire des semaines de trente heures au lieu de quarante. La perte de revenus est compensée par une vie plus modeste et un mode de consommation revu à la baisse – une autre idée-force du mouvement. Acheter une grande maison avec quelques amis. Faire du covoiturage. Pour fêter un événement, organiser un repas où chacun apporte un plat, au lieu d'aller au restaurant. Telles sont les recommandations des tenants de la simplicité volontaire.

Le fait que le mouvement encourage un mode de vie plus respectueux de l'environnement a également plu à Jörgen Larsson. Celui-ci prend toutefois soin de souligner qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle variante de la vague écologique qui prône le retour à la terre et l'autosuffisance. Au contraire. Les adeptes du ­mouvement voient toute une série d'avantages à la vie en ville : on ne perd pas son temps dans les transports, on prend moins sa voiture et on s'épargne le chauffage d'une grande maison à la campagne, souvent onéreux et très consommateur d'énergie. Pour un grand nombre de personnes, l'argumentaire a de quoi séduire : plus de temps et une meilleure conscience. Reste que le passage à l'acte est une autre paire de manches. Mais, après avoir suivi un cycle de cours sur la simplicité volontaire, Jörgen ­Larsson était prêt à se lancer sérieusement dans l'aventure. "Mon équipe m'a donné deux ans pour essayer de réduire mon temps de travail de cinquante à trente heures par semaine. Ce n'est que lorsque j'ai su résister à l'envie de participer à tous les groupes de travail et de mettre mon grain de sel partout que j'y suis arrivé."

Aux Etats-Unis, beaucoup d'adeptes de la simplicité volontaire ont constaté que leur entourage manifestait de l'indifférence ou du scepticisme à l'égard de leur nouveau mode de vie. L'un d'eux a même dû feindre d'avoir un second travail pour échapper aux questions de ceux qui s'étonnaient de le voir rentrer chez lui si tôt. "Les autres associés de la boîte ont trouvé cela un peu pénible, j'endossais moins de responsabilités et je ne prenais plus part aux réunions du comité directeur. Ils ont fini par l'accepter lorsqu'ils ont compris que c'était cela ou ma démission. Mais il faut dire qu'en tant qu'associé j'avais un poste très privilégié", explique Jörgen Larsson. Plusieurs années se sont écoulées depuis. Il consacre aujourd'hui ses après-midi et ses ­soirées à s'occuper de ses enfants, à avoir de longues discussions avec son épouse ou à voir des amis. Le week-end, il fait de la voile ou bricole. "Je suis conscient que tout ça semble rose et idyllique, mais ce sont les choses auxquelles j'aime vraiment ­consacrer mon temps."

Pour autant, Jörgen ne cache pas que lui et les autres adeptes de la simplicité volontaire en paient le prix. Réduire son temps de travail est coûteux. Tant sur le plan financier que sur le plan professionnel. "Pour les employeurs, il est plus intéressant de miser sur des gens qui ont le travail pour seul objectif. Et cela me paraît normal. En revanche, il est faux de dire qu'une personne qui travaille moins de quarante heures est moins impliquée dans son travail. Au contraire, ces gens-là sont souvent plus efficaces, car ils sont reposés en arrivant." Jörgen ne ressent pas l'absence de perspectives professionnelles comme un sacrifice. Ses ambitions sont ailleurs, explique-t-il. Il s'agit plutôt d'avoir une influence sur le monde. D'ailleurs, il a entamé une nouvelle carrière. Après avoir travaillé quelques années comme consultant à temps partiel, Jörgen a demandé son congé pour commencer un travail de recherche à la faculté de sociologie de l'université de Göteborg [deuxième ville de Suède, située dans le sud-ouest du pays].

D'ici deux ou trois ans, il devrait avoir terminé sa thèse de doctorat, consacrée au stress dans les familles. Le plus dur a été la perte de revenus. Certes, Jörgen et sa famille vivent modestement, sur l'île de Brännö, dans l'archipel de Göteborg. Mais son épouse et lui ont fait le choix d'élever leurs deux enfants à la maison le plus longtemps possible. Pendant deux ans, ils ont eu droit à l'allocation parentale, mais, avec un seul salaire, se serrer la ceinture ne suffisait plus, et ils ont dû prendre un petit crédit pour tenir trois années supplémentaires. "Bien sûr, ce n'est pas très agréable de devoir emprunter pour les dépenses courantes. Ce n'est pas à cela que servent les crédits, d'habitude. En même temps, cela ne nous pose pas vraiment de problème. Quand nous aurons tous les deux repris le travail, nous n'aurons aucun mal à rembourser les intérêts", commente Jörgen Larsson. "Ici, en Suède, on trouve de petits îlots d'adeptes de la décroissance. Mais cela dépend bien sûr de la définition qu'on en donne. Dans un sens, on pourrait dire que toute la Suède est dans la décroissance. Nous bénéficions d'un système de congé parental développé, du droit inscrit dans la loi de réduire son temps de travail quand les enfants sont petits et de la possibilité de prendre une année sabbatique*."

* Peu après la parution de cet article, en octobre 2006, le congé d'année sabbatique, conçu pour réduire le chômage de longue durée, a été supprimé par l'alliance de droite arrivée au pouvoir.

Anna Lagerblad

Svenska Dagbladet http://www.svd.se/


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