1- Pourquoi ai-je pris un Guide ?
Dans la face sud de la Meige en 2017 (Chapoutot au Bastion), j’ai vu qu'à 64 ans nous étions devenus trop lents pour faire en sécurité une voie immense et difficile. Pour la Walker, j’ai décidé de prendre un Guide.
2- Pour un Sans-Guide, quel effet de suivre un.e Guide ?
Depuis l'UCPA (1972), je n’avais jamais été derrière un Guide. Je craignais l'ennui car je grimpe pour être un héros et vivre une aventure: c'est naze, mais c'est une de mes motivations pour l'Alpinisme (j'en ai 10 autres). Alors me laisser conduire par 2 Guides, c'était pas vraiment héroïque ;o) Mais cette ascension "guidée" m’a donné une sensation extraordinaire de confiance et de sécurité. Faire quelque chose de difficile et dangereux sans angoisse, sans aucun souci. Sensation toute nouvelle pour moi d’être conduit, de ne pas être responsable, ne pas devoir décider et diriger : simplement me laisser conduire en douceur, grimper et contempler !
3- Relation dissymétrique. Je vous explique: Ma Walker avec Guide fut pour moi une ascension exceptionelle, je l'ai préparée pendant presque un an. En haute montagne je suis "à fond" car je ne fais que quelques courses d’alpinisme par an (3 en 2018). Et je ne connais que deux Guides: Lise et Marion, avec qui j'ai passé trois jours "intenses" pour la Walker. Au contraire, Marion et Lise sont en montagne toute l’année. Peu après la Walker, elles grimpaient de nouveau en altitude. Elles y sont souvent avec clients ou stagiaires: ça tourne ! Je n'étais pour ces guides qu’un client parmi d’autres, alors qu'elles furent "mes meilleures amies » durant ces 3 jours vibrants. Il m'a fallu comprendre cette dissymétrie et l’accepter: Je fais peu à peu ce deuil.
4- Pourquoi choisir un Guide «femme»? Ici juste "mon opinion", voir aussi le Post FB de Marion
Déjà, je ne voulais pas être hissé comme un sac: Je crois qu'il y-a moins de risque avec une fille ;o)
Ensuite j’aime les femmes (pardon pour ce lieu-commun ;o), et je m’entends souvent bien avec elles: Je vis avec l'épouse que j’aime, mes 4 filles sont géniales, mes 4 sœurs aimantes, je dirigeais une équipe de recherche INRA féminine à 4/5, "mes" étudiant.e.s à l'école Véto 70% ♀. Et puis surtout, ce que j’aime en montagne, c’est la beauté : beauté des montagnes, des fleurs, et des personnes. En général je préfère être avec une femme qu'avec un homme, et je les trouve plus belles: le choix féminin m'était évident.
A posteriori, avec ces deux femmes hyper-compétentes et douées en montagne, j’ai gouté chaque minute de ces 3 journées. Elles furent souriantes, attentives et gentilles, enjouées et bavardes (d’après elles je suis très bavard ;o). Pa exemple, dès le début de la grimpe, Lise-la-menue m’obligea à mettre mes crampons dans son sac (pour m'alléger). Et à chaque longueur ou presque j’avais droit à un gentil « ça va Denis ? ». Et attentives aussi l’une envers l’autre : « Bravo Lise », « Allez, Marion », et de s’écouter longuement, de dire ce qui leur tient à cœur. Je ne vois pas des mecs agir ainsi. Cerise sur le gâteau : elles me demandaient mon avis sur la voie, et elles avouèrent leur fatigue bien avant moi. Quelle délicatesse de ménager mon orgueil ♂! C'était normal qu'elle soient fatiguées: chercher la voie et l'équiper, et assurer 2 seconds, demande un gros surplus d’énergie (essayez, pour voir, de tirer 1200m de corde à double !). Sans parler de la charge mentale du leader.
Pourquoi deux Guides ?
Ce n’était pas mon choix d'avoir 2 Guides. J'avais choisi Marion, et c’est elle qui m’a rappelé 10 jours après mon premier coup de fil «Denis, ça t’ennuie si je demande à une autre Guide de venir avec nous ? Je pensais à Lise Billon » Tu parles que ça m’ennuie ! C’est trop bien, Lise était n°2 sur ma liste, et je n’avais pas osé appeler cette super- grimpeuse si souvent partie en expédition. J’étais absolument ravi. Marion m’a dit que d’être deux guides diviserait la fatigue et le temps de récupération par deux. Pendant la course j’ai compris aussi que cela nous a gagné beaucoup de temps aux relais : ces manœuvres de corde qui sont réflexes pour ces dames me demandent réflexion, et vérification. Enfin je crois aussi qu’il est préférable de ne pas « former un couple »: une petite équipe c'est mieux .
Comment trouver un.e Guide ?
J’ai cherché les femmes guides habitant Cham': pas facile, mais j'ai trouvé une liste 2017 avec tél. (impossible de la retrouver). En surfant un peu j'ai construit un tableau avec noms, photos, « palmarès » et age approx. d’une dizaine de GuidEs. Marion était au dessus du lot par l’expérience des grandes voies, et la formation au secours en montagne. Ses yeux bleus ne gâtaient rien et c’est donc elle que j’ai appelée. Marion (et Lise) ont un tel niveau et investissement dans la formation et la police (MP), ou les expéditions lointaines (LB), ue j’étais sur qu’elles ne prendraient pas de client (inconnu). Et qu’elles riraient au nez d’un vieux (65 ans) non-entraîné « La Wôlker, mon cher môssieur, mais c’est pour les jeunes ! Et encore, ceux qui grimpent !». D’où ma grande surprise (très agréable) quand Marion me prit au sérieux et fut enthousiaste du projet. Trop heureuse de faire cette voie qu’elle ne connaissait pas, elle m’a dit d’emblée qu’elle bloquerait 15 jours pour être sûre qu’on ait un bon créneau météo. Puis elle a invité Lise à venir avec nous.
La Walker, combien ça coute ?
Oulala ! C’est pas donné ! Sur le tarif 2018 de "la Compagnie des Guides de Chamonix" la Walker est tarifée à partir de 2900 €. Et les Guidos parlent plutôt de 4000 €. C’est hallucinant oui, comparé au RMI ou au SMIC. Mais le Guide y passe trois jours au minimum (J1-montée au refuge, J2-escalade, J3-descente et retour en France). Auxquels s’ajoutent en général une « petite » course pour faire connaissance avec client avant, et un jour pour récupérer après. Lise & Marion avaient « bloqué » toute la semaine pour être sûres d’avoir le créneau météo. Mais nous n'avons pu faire ensemble une première course, la météo ne l’a pas permis. Partir dans la Walker sans se connaitre ! Elles sont folles de m’avoir fait confiance. Merci les amies !
Comment contacter Marion ou Lise ?
Alors si vous gagnez au Loto et que le cœur vous en dit, pour la Walker aux Grandes Jo., pour « Divine Providence » au Grand Pilier d’Angle, ou tout autre « grande voie », n’hésitez pas à mettre un texto à
Marion Poitevin, Guide de Haute Montagne, 06 28 04 93 20, ou Marion on Facebook
Lise Billon, Guide de Haute Montagne, 06 80 22 15 53, ou Lise on Facebook
En binôme, je les ai trouvées géniales. Mais chacune d'elle, individuellement, est une Guide de grande classe ;o)